capítulo primero Viaje de un habitante de la estrella Sirio al planeta Saturno
Voyage
d'un habitant du monde de l'étoile
Sirius dans la planète de Saturne
Conversation de l'habitant de Sirius avec celui
de Saturne
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6.6
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7.9
Chapitre troisième
Voyage des deux habitants de Sirius et de Saturne
Capítulo tercero
Viaje de los dos habitantes de Sirio y Saturno
3.1
Nos deux philosophes étaient prêts à s'embarquer
dans l'atmosphère de Saturne avec une fort jolie provision
d'instruments mathématiques, lorsque la maîtresse du
Saturnien qui en eut des nouvelles, vint en larmes faire ses remontrances.
C'était une jolie petite brune qui n'avait que six cent soixante
toises , mais qui réparait par bien des agréments la
petitesse de sa taille. «Ah! cruel! s'écria-t-elle,
après t'avoir résisté quinze cents ans lorsque
enfin je commençais à me rendre, quand j'ai à peine
passé cent ans entre tes bras. tu me quittes pour aller voyager
avec un géant d'un autre monde; va, tu n'es qu'un curieux,
tu n'as jamais eu d'amour : si tu étais un vrai Saturnien,
tu serais fidèle. Où vas-tu courir ? Que veux-tu ?
Nos cinq lunes sont moins errantes que toi, notre anneau est moins
changeant. Voilà qui est fait, je n'aimerai jamais plus personne.» Le
philosophe l'embrassa, pleura avec elle, tout philosophe qu'il était;
et la dame, après s'être pâmée , alla se
consoler avec un petit-maître du pays.
3.1
Ya estaban para embarcar nuestros dos filósofos en la atmósfera de Saturno con una buena provisión de instrumentos de matemáticas, cuando la querida del saturnino, que lo supo, le vino a dar amargas quejas. Era ésta una morenita muy agraciada, que no tenía más que mil quinientas varas de estatura, pero que con su gentileza compensaba la pequeñez de su cuerpo. -¡Ah, cruel! -exclamó -. Después de mil quinientos años de haber resistido tus solicitudes amorosas y cuando apenas hace cien años me había entregado a ti, ¡me abandonas para irte a viajar con un gigante de otro mundo! Sólo tuviste un capricho, nunca me amaste. Si fueras saturnino legítimo no serías tan inconstante. ¿A dónde vas? ¿Qué ambicionas? Nuestras cinco lunas son menos erráticas que tú y menos mudable nuestro ánulo. Abrazóla el filósofo, lloró con ella, aunque filósofo; y su querida, después de haberse desmayado, se fue a consolar con un petimetre.
3.2
Cependant nos deux curieux partirent;
ils sautèrent d'abord sur l'anneau., qu'ils trouvèrent
assez plat, comme l'a fort bien deviné un illustre habitant
de notre petit globe ; de là ils allèrent de lune en
lune. Une comète passait tout auprès de la dernière;
ils s'élancèrent sur elle avec leurs domestiques et
leurs instruments. Quand ils eurent fait environ cent cinquante millions
de lieues , ils rencontrèrent les satellites de Jupiter. Ils
passèrent dans Jupiter même, et y restèrent une
année, pendant laquelle ils apprirent de fort beaux secrets
qui seraient actuellement sous presse sans messieurs les inquisiteurs,
qui ont trouvé quelques propositions un peu dures. Mais j'en
ai lu le manuscrit dans la bibliothèque de l'illustre archevêque
de..., qui m'a laissé voir ses livres avec cette générosité et
cette bonté qu'on ne saurait assez louer.
3.2
Partieron sin dilación ambos viajeros, y saltaron primero al anillo, que se le antojó muy aplastado, como lo supuso un ilustre habitante de nuestro minúsculo globo terráqueo, y desde allí anduvieron de luna en luna. De pronto pasó un cometa junto a ellos y a él se tiraron, con sus sirvientes y sus instrumentos. Un poco más adelante (ciento cincuenta millones de leguas) se toparon con los satélites de Júpiter y luego con este planeta, donde se apearon y permanecieron un año. En él descubrieron algunos secretos muy curiosos, que hubieran dado a la imprenta, a no haber sido por los señores inquisidores, que encontraron proposiciones bastante duras de tragar. Yo pude leer el manuscrito en la biblioteca del ilustrísimo señor arzobispo de..., quien con toda la benevolencia que a tan insigne prelado caracteriza, me permitió husmear en sus libros.
3.3
Mais revenons à nos voyageurs.
En sortant de Jupiter, ils traversèrent un espace d'environ
cent millions de lieues, et ils côtoyèrent la planète
de Mars, qui, comme on sait, est cinq fois plus petite que notre
petit globe; ils virent deux lunes qui servent à cette planète,
et qui ont échappé aux regards de nos astronomes. Je
sais bien que le père Castel écrira, et même
assez plaisamment, contre l'existence de ces deux lunes; mais je m'en
rapporte à ceux qui raisonnent par analogie. Ces bons philosophes-là savent
combien il serait difficile que Mars, qui est si loin du soleil,
se passât à moins de deux lunes. Quoi qu'il en soit,
nos gens trouvèrent cela si petit qu'ils craignirent de n'y
pas trouver de quoi coucher, et ils passèrent leur chemin
comme deux voyageurs qui dédaignent un mauvais cabaret de
village et poussent jusqu'à la ville voisine. Mais le Sirien
et son compagnon se repentirent bientôt. Ils allèrent
longtemps, et ne trouvèrent rien. Enfin ils aperçurent
une petite lueur: c'était la terre: cela fit pitié à des
gens qui venaient de Jupiter. Cependant, de peur de se repentir une
seconde fois, ils résolurent de débarquer. Ils passèrent
sur la queue de la comète, et, trouvant une aurore boréale
toute prête, ils se mirent dedans, et arrivèrent à terre
sur le bord septentrional de la mer Baltique, le cinq juillet mil
sept cent trente-sept, nouveau style.
3.3
Pero volvamos a nuestros aventureros. Al salir de Júpiter atravesaron un espacio de cerca de cien millones de leguas y costearon el planeta Marte, el cual -como todos saben - es cinco veces más pequeño que la Tierra, donde vieron las dos lunas de que dispone y que no han podido descubrir todavía nuestros astrónomos. Aun cuando sé que el abate Castel rechazará ingeniosamente la existencia de dichas lunas, no ignoro tampoco que me darán la razón quienes saben razonar, aquellos a los que no puede escapárseles el hecho de que no le sería posible a Marte vivir sin dos lunas por lo menos, estando tan distante del Sol. Sea como fuere, a los viajeros les pareció un mundo tan chico que temieron no hallar alojamiento aceptable y pasaron de largo, como hacen los caminantes cuando topan con una mala venta en despoblado. Hicieron mal y se arrepintieron, pues tardaron mucho en encontrar albergue. Al fin divisaron una lucecilla, que era la Tierra, y que pareció muy mezquina cosa a gentes que venían de Júpiter. No obstante, y a trueque de arrepentirse otra vez, resolvieron desembarcar en ella. Pasaron a la cola del cometa y hallando una aurora boreal a mano, se metieron dentro. Tomaron tierra en la orilla septentrional del mar Báltico, el día 5 de julio de 1737.